Le Prince de Galles se trouva fort dépourvu lorsque La Scène fut disparue. Heureusement, vive le Roi, et l'hôtel réorganise son offre de restauration en commençant par son bar, renommé le bar 1920. Pour le repas, des classiques bien français à des tarifs d'émirs saoudiens.
Tiens, Le Prince de Galles a remis en place une offre de restauration. D'abord son bar (avec Gérald Poirier en cuisine), le 1920 a ouvert, en attendant l'arrivée du chef coréen Akira Back promise pas avant 2021. Le dimanche midi, voilà une belle occasion de découvrir ce lieu mythique où le luxe est inscrit dans son ADN.
Dans la contre-allée de l'avenue George V, c'est toujours l'occasion pour les amateurs de belles mécaniques de s'extasier devant les voitures de luxe des riches clients, garées là. Pour les autres, c'est peu d'espace pour traverser.
1920, les années folles. Joséphine Baker enflamme la bourgeoisie parisienne qui s'encanaille. Logiquement, la grande salle du bar portant cette date dans son nom, s'inspire de cette période Art Déco, en y apportant une certaine modernité. C'est réussi. Aux beaux jours, un patio apparaît des plus accueillants. Ambiance palace clinquant.
Logiquement, les tarifs de ce qu'on peut manger dans ce genre d'endroits s'en ressentent. Ca pique même un peu : entrées de 17 à 28€, et plats de 30 à ... 76€ pour une... sole meunière ! Des prix de restaurant étoilé pour un bar d'hôtel, tout un concept. Mais pourquoi pas. On connaît la réussite d'un Jean-François Piège avec sa Poule au pot et ses grands classiques français à prix XXL auréolé d'1 étoile Michelin. Une cuisine d'exception peut légitimer des tarifs à la hauteur. Par contre, c'est l'excellence absolue qui est demandée, gare aux failles !
Pour ne pas trop pleurer au moment de l'addition, le Bar 1920 a prévu tout de même un menu valable tout le temps à 46€, entrée, plat et "dessert". Des guillemets puisqu'est annoncé sobrement "le fruit du moment" dans l'intitulé.
Tout commence sous les meilleurs auspices : on m'apporte un trio gourmand à boulotter en attendant mes plats (oui, vous allez voir, j'ai pris 2 plats...). De belles noix de cajou aromatisées à la truffe, des crackers au sarrasin et de grosses olives plutôt bonnes.
Mieux, le pain tiède arrive. Il est maison, et au levain. Il a l'air diabolique. Avec un peu de beurre salé, "ça l'fait" comme le chantait Eddy Mitchell.
Pour le vin, bonne nouvelle, tous les verres sont au même prix ! Youpi ! Mauvaise nouvelle, ce tarif unique c'est... 18€. Je prends donc un verre de chorey-les-beaunes du domaine Maillard 2016. Un très bon bourgogne je dois bien l'avouer.
Je suis comme un coq en pâte ! Et ça tombe bien, puisque j'ai commandé LE "plat signature" du lieu : le vol au vent au ris de veau et volaille au cognac. Mais ce sera sans crête malheureusement.... tout se perd ! Dans un bol à tête de lion, le vol au vent a été caché, et comme pâte feuilletée, je n'ai le droit qu'au dessus. C'est bien doré et précis. Bien gentiment, la serveuse me donne le mode d'emploi "vous coupez comme ça et vous suivez le haut du bord pour découper". QUOI??? J'ai bien entendu? Je suis dans un palace 5 étoiles, je commande LA spécialité qui coûte 39€, et c'est à moi de me démerder avec ce genre de découpe traditionnellement dévolue au service en salle? Soit, je joue au mitron.
Les effluves promises à l'ouverture se font rares. Dans le bol, un bloubiboulga où il est bien difficile de distinguer ce qui est volaille, champignons ou ris de veau. Tout a été taillé menu. Pas de mâche en retour, d'autant qu'il n'y a que la pâte feuilletée du dessus pour apporter un peu de corps. Si bien qu'il est plus facile de manger ce vol-au-vent à la cuillère ! Belle déception. Le mesclun d'à côté. Pas d'intérêt.
Pour ce déjeuner sans entrée, j'ai donc choisi de prendre 2 plats. Voici donc un autre énorme classique de la cuisine française d'arriver : le Merlan colbert, pommes pont neuf, sauce gribiche. Le poisson se révèle effectivement bien préparé, ouvert et désarêté par le dos puis frit. Avec quelques goûtes de citron par-dessus, la bestiole se mange bien. La sauce gribiche pour sa part joue dans la catégorie mastoc. Je sens que chaque miette cache une bonne tripotée de calorie. C'est du costaud. Mais avec ces grosses frites parfaitement taillées, c'est gourmand et un peu régressif.
Quand arrive l'heure du dessert, je n'ai plus faim. Mais l'endroit a mis en avant son nouveau chef pâtissier - Tristan Rousselot - et propose même un tea time toujours synonyme de petites dingueries de gourmandises sacrées. Alors quand je vois parmi les intitulés "Mille-feuille sacristain caramélisé, crème vanillée pure et praliné noisette", m'en fous d'avoir les dents qui baignent, je commande ça !
Quelle déconvenue quand je vois arriver le dessert : 5 mini-gressins maintenus par de la crème légère, et deux micro-points de pralinés... Ah oui, aussi l'équivalent d'une noisette et demi concassée. Franchement, point de vue gourmandise on repasse. Pour le croustillant et la générosité de la crème qui font l'essence même d'un mille-feuille, bah là, rien. C'est vraiment une "revisite" histoire de dire. Au palais rien ne se passe, ou si peu avec les pointes de praliné et la crème vanille. 16€, ça...
Je fait état de ma déception quand on vient me débarrasser. Je profite tout de même d'un expresso à 9€ seulement, sans doute ce qu'il y a de moins cher ici ! Pour l'accompagner de bonnes amandes grillées au speculos.
Je redoute alors la douloureuse et avec raison : 112€. Pas le moindre geste commercial à l'horizon. Non, genre, on est habitué à ces retours, on est d'accord, c'est normal. Autre anecdote que j'ai trouvé cavalière : quand on introduit sa carte dans le lecteur, on est assisté par la serveuse qui fait valider le prix et, l'appareil passe à une séquence pourboire... avec donc la serveuse qui est là et dit candidement "là, si vous voulez rajouter un pourboire". Genre, pression maximum ! Pas palace du tout. Vous l'aurez compris mon déjeuner au Bar 1920 ne restera pas en mémoire : hors de prix et loin d'être exempt de reproches dans les assiettes. Attendons patiemment l'ouverture du "vrai" restaurant, peut-être qu'il y aura alors matière à s'enthousiasmer ?
Le Bar 1920
Prince de Galles, a Luxury Collection Hotel, Paris
33 Avenue George V
75008 Paris (métro George V)
tel : 01 53 23 77 77
Ouvert tous les jours
Les +:
_ déco et ambiance luxueuse
_ bon pain maison
_ les noix de cajou à la truffe
Les -:
_ hors de prix, surtout pour la qualité finale loin d'être époustouflante
_ pas commercial
_ cuisine qui ne fait pas plaisir
Serviette en tissus | ✅ |
Changement de couverts à chaque service | ✅ |
Nappe en tissus | ❌ |
Bonne réception mobile | ❌ |
WiFi gratuit | ✅ |
Musique inutile en fond sonore | ✅ |
Adapté pour les enfants bien élevés | ✅ |
Volume sonore moyen | 45dB |
Toilettes bien entretenues | ✅ |
Même menu midi et soir (hors formule) | ✅ |
Réservation possible | ✅ |
Vin au verre goûté avant d'être servi | ✅ |
Végétariens bienvenus (au moins 1 entrée et 1 plat) | ❌ |
Pain : bon pain au levain maison |