Dalia (Paris 2) : Petit voyage au Moyen Orient

Alors qu'à quelques mètres de là des pénitents font la queue pour avoir l'espoir de goûter une pizza Big Mama chez Popolare, le restaurant Dalia a eu la riche idée de s'installer, histoire de récupérer des éconduits. Au menu, une cuisine levantine moderne et plutôt réussie.

Par Arnaud Morisse

Tout a commencé il y a quelque semaines, sur les coups de 15h un dimanche. Je cherche un endroit pour m'y attabler. J'ai faim. Je vois que la toute nouvelle adresse Dalia, est encore ouverte ! Alors qu'elle n'a pas encore fait parler d'elle, je me dis qu'à cette heure-là, j'ai ma chance ! Hé bien non ! Me voilà refoulé à l'entrée, faute de places et de réservation. Bigre ! Quel succès. Qu'à cela ne tienne, quelques semaines plus tard, réservation prise, je reviens ! Comme d'habitude, une queue est organisée artificiellement devant Popolare voisin. Quand les techniques marketing des boîtes de nuit gagnent la "restauration". Pas de ça chez Dalia.

La salle s'avère plutôt vaste et d'un rose pimpant faisant penser à une maison de poupée. Le grand comptoir m'accueille histoire d'observer la popote. Place de choix.

La carte se divise en deux parties : quelques mezzes et des plats à partager. De 9 à 15€, il ne faut pas s'attendre à de grands plats qu'une personne seule (moi en l'occurrence) aurait du mal à terminer... Quelques termes en anglais un peu ridicules se glissent ici ou là sur le menu pour faire "moderne" et "cool" sans doute, mais on échappe aux petites phrases et jeux de mots idiots qu'on peut trouver ailleurs... Oui, vous savez de qui je parle !

En cuisine, ça file droit. La cheffe avec un ton directif distribue ses consignes. Je vois mon "entrée" prendre forme : tempura de sardines avec un aïoli à l'harissa et persil. De la belle ouvrage bien dorée. Et plutôt généreux pour 9€! Ca croustille à merveille, et la sauce régale mes papilles. Totale réussite ! Je me réjouis de cette trouvaille et me dis que la suite devrait dé-po-ter !

En vin, je prends avec ça un joli blanc d'Alsace de Marcel Deiss (9€). 

Juste derrière moi une tablée parle fort, très fort et en anglais. Des Américains. Il y a vraiment des gens qui ne sont pas aware. Ca et la musique qui fleure bon les fins de soirée de chez Carmen (Dalida, Enrico Macias et cie...), je ne suis pas gâté!

S'il y a bien un plat "juge de paix" pour mesurer la qualité d'un restaurant à la cuisine moyen-orientale, c'est bien le houmous ! C'est donc parti pour le Creamy Houmous, coeurs et foies de volailles (13€). En plus, le voir ici associé à des abats, quelle riche idée ! La texture crémeuse promise est bien là. Par contre, côté saveur, il se révèle un peu fade et sous-salé. Dommage que l'huile d'olive utilisée ne soit pas plus aromatique pour palier à ça.... Les petits abats sont bien cuits mais le sommet gourmand de ce plat se situe dans ce genre de pesto d'herbes ! Je regrette vraiment de ne pas en avoir plus !

Côté vin, j'aurais bien pris un peu de rouge. Mais je suis simplement ignoré de tous. La salle est pleine à craquer. Je n'ose pas déranger les cuisiniers en plein coup de feu devant moi, et les serveurs me ghostent tout simplement. Oui, moi aussi j'utilise dans anglicismes bidons pour faire jeune ! Na ! Bref, pas de vin.

Place au Kébab d'agneau (15€). Il est servi avec des poivrons et piments grillés, des tomates, sauce tahini et herbes. Les boulettes sont rosées... à l'extérieur. Aïe. Certaines sont carrément crues à l'intérieur. Dommage. Je ne retrouve pas l'éclat des deux premières assiettes ici, rien de transcendant.

Puis s'ensuit une longue attente avant d'avoir accès à un serveur histoire de commander un dessert. Gestes, regards, rien n'y fait. C'est comme si j'étais transparent.... Bon, au bout d'une vingtaine de minutes (je suis patient quand même....) je me résous à demander directement à la cheffe qui semble moins occupée, mon dessert. Qui appelle une serveuse pour rentrer en caisse la commande....

Voilà donc mon malabi, avec des pistaches, des fruits rouges, et... de la noix de coco ! J'en entends déjà défaillir ! Mais pourquoi pas ? La coco se marie plutôt bien dans ce dessert peu sucré. Pas mal du tout.

Je renonce à essayer d'obtenir un café, et me lève pour aller payer directement. A la traditionnelle question "tout c'est bien passé", je ne peux m'empêcher (vous me connaissez) de dire les petits couacs de mon dîner, dont les boulettes d'agneau servies crues. J'ai le droit à de plates excuses (bien compréhensibles pour une jeune adresse) et de m'offrir le plat sur l'addition ! Chouette geste ! Addition après ristourne : 40€. Propre. Bilan pour Dalia : des tempuras de sardine mémorables, des petits problèmes dans certaines cuissons et assaisonnements, des tarifs corrects, bref, un gentil restaurant qui plaira (plaît déjà manifestement) au plus grand nombre.

Dalia
93 Rue Montmartre
75002 Paris (métro Sentier)

Tel : 01 53 40 88 13

Ouvert tous les jours

Les +:
_ places au comptoir
_ Tempuras de sardines très très réussies !
_ des tarifs tenus
_ une cuisine de partage ludique et joyeuse
_ sens du client

Les -:
_ musique un brin caricaturale
_ petits problèmes sur certaines cuissons et assaisonnements