Nonos (Paris 8) : Paul Pairet en mode bar d'hôtel de luxe

Reconnu en France par Top Chef depuis qu'il fait partie de l'émission, et en Chine avec son restaurant triplement étoilé, Paul Pairet a installé ses casseroles dans l'écrin luxueux de l'Hôtel de Crillon. Son nouveau restaurant - Nonos - propose une cuisine internationale et gourmande qui tient la route.

Par Arnaud Morisse

Difficile de faire pus luxueux que le Crillon, place de la Concorde. Il fallait bien ça pour accueillir le premier restaurant français de Paul Pairet qui a connu le succès en Chine avec son restaurant aux 3 étoiles, UltraViolet à Shangaï. Avec la malice qu'on lui connaît (bah oui, depuis qu'il fait partie de Top Chef, c'est devenu une vieille connaissance par écran interposé!), il a nommé son restaurant Nonos, puisqu'il s'agit avant tout d'un "grill à la française". Je vais manger de la barbaque ce soir !

Le succès est déjà bien là : quand je réserve, on m'indique qu'il n'y aura plus que des places au comptoir... un dimanche soir ! Soit, c'est la meilleure des places ! Me voilà en guenilles, dans un endroit chicissime. Installé au bar, je compte un nombre fou de personnel en salle (qui est déjà bien pleine). Une clientèle quasi-essentiellement étrangère. A ma droite, un couple sud-africain, assis à côté d'un Néo-Zélandais et plus loin un trio d'Anglais. Bref, la clientèle que l'on attend ici et qui souvent a tendance à amoindrir le caractère de la cuisine servie, quand bien même il s'agirait de Paul Pairet aux commandes. Je peux craindre le pire.

De plus, la carte s'étire sur pas mal de lignes avec un peu de tout : 67 propositions sans compter les desserts ! De la charcuterie, des huîtres, des oeufs mimosa (14€), des salades (caesar poulet 32€), poireaux vinaigrette (12€), soupe à l'oignon (18€), caviar (400€ les 125gr), une collection de belles viandes (de 28 à 250€) et des plats bien de chez nous de 32 à 88€. C'est cher, mais pas inaccessible si la qualité est au rendez-vous.

Je démarre avec le Poulpe grillé, ail et aïoli. Un tentacule seul, mais assez charnu. 26€ tout de même. La bestiole s'avère de bonne facture, tendre. Mieux, la sauce chili-aïoli se révèle légèrement pimentée en bouche ! Voilà qui est rare dans ce genre d'endroits. On n'atteint pas la qualité du poulpe de Vive, mais c'est tout de même très satisfaisant.

Je bois avec ça un verre de vin de Savoie, Face Nord du domaine Blard. 15€.

J'ai la bonne surprise de voir arriver une entrée offerte : le tarama maison au citron. (normalement facturé 14€). J'ai le droit à un traitement de faveur? Non, pas vraiment car je vois qu'autour du bar chacun a eu le droit à son entrée à l'oeil ! Ingénieux pour faire découvrir sa carte!

En tout cas ce tarama est un régal : très léger, pas trop poissonneux, et vraiment bien équilibré avec le citron.

Dans un grill, c'est tout naturellement que je me tourne vers une belle entrecôte en guise de plat principal : 300Gr d'une Entrecôte normande maturée. Elle est servie avec des frites allumettes de très jolies factures et 3 sauces de caractère ! La viande, parfaitement cuite est malheureusement un peu trop salée par endroit, masquant un peu ses arômes. Mais ce n'est pas aussi dramatique que chez Mimosa, le voisin dirigé par Jean-François Piège. 52€, honnête.

Avec ça je bois un verre de Cahors servi en magnum : Au cerisier du Château Combel La Serre en 2020. Très, très bon !

Je suis bien là. Même si je m'étonne de la playlist : Jessie Garon (le lundi...), Partenaire particulier... c'est carrément incongru. Mais comme il n'y a que des étrangers, personne ne tique.... sauf moi.

Pour terminer, je pars sur le classique baba au rhum, mais qui ici, n'est pas si classique. Car devant moi, et mes yeux ébahis, l'homme préposé aux cocktails s'improvise avec du service style guéridon et flambe au rhum le baba ! Belle réussite ! Il rajoute un rien de crème fouettée vanillée (le reste est à discrétion) et voilà ! L'appareil est d'une tendreté rare. C'est réussi et original. 12€ seulement.

Pas de café. Aucun intérêt, ça travaille avec Lavazza. Incongru aussi ça tient !

Quand vient l'heure de l'addition, je découvre que le verre de vin rouge m'a été offert pour compenser le sel de la viande. Joli geste qui adoucit la douloureuse à hauteur de 105€. Pas si ruineux que ça, et avec une cuisine pas si ennuyeuse que ça pour un bar d'hôtel. Nonos tient ses promesses.

Nonos & Comestibles
Hôtel de Crillon
6 Rue Boissy d'Anglas
75008 Paris (métro Concorde)

Fermé lundi et mardi

Tel : 01 44 71 15 17

Les +:
_ déco luxueuse
_ service attentif de grande classe
_ cuisine qui cache des petites pointes de caractère discrète
_ jolis produits
_ presque accessible au niveau prix

Les -:
_ musique incongrue
_ café Lavazza